L’environnement international de la migration du travail est en profonde transformation. Les lauréats de la migration de travail sont les travailleurs qualifiés. C’est une menace pour la migration traditionnelle marocaine de main-d’œuvre peu qualifiée. Mais c’est une opportunité pour développer une mobilité internationale des compétences qui bénéficient à la fois aux travailleurs marocains, au Maroc et aux pays de destination.

Le Maroc subit actuellement la pression du marché international de l’emploi. Ce n’est pas un acteur à la hauteur de son ambition et de ses capacités dans le domaine du placement des travailleurs qualifiés et de la protection des travailleurs en mouvement. Des initiatives sont prises ici et là qui vont dans le sens d’une mobilité internationale des compétences mais sans parvenir à « un effet de système ».

Pour avoir une ambition à 10 ans dans le domaine de la mobilité internationale des compétences, le Maroc doit changer son paradigme sur la migration professionnelle : il s’agit moins d’exporter des bras que de développer des compétences professionnelles aux standards internationaux pour son économie et les pays partenaires.

Ce changement de paradigme doit conduire à interroger ou compléter le cadre juridique relatif aux travailleurs en mouvement, à mettre au cœur de ses approches la compétence pour répondre aux besoins du marché et à développer une gouvernance ouverte avec chacune de ses parties prenantes afin d’ouvrir des parcours ordonnés, sûrs et réguliers.

Ces mutations sont déjà à l’oeuvre. Il s’agit plutôt de les accélérer par la mise en œuvre d’une feuille de route et le renforcement des capacités de ses institutions nationales. Le Maroc a les atouts nécessaires pour relever les cinq défis suivants :

1) Réussir le placement des travailleurs marocains qualifiés à l’étranger et dans une moindre mesure le recrutement de travailleurs étrangers qualifiés pour les entreprises marocaines

2) Faire converger les institutions nationales vers une vision partagée de la mobilité internationale des compétences par une feuille de route et des capacités institutionnelles renforcées

3) Développer les canaux d’intermédiation par des agences privées de recrutement international accréditées et certifiées

4) Etre un acteur moteur des partenariats de mobilité de compétences dans le cadre d’une coopération Sud Nord & Sud Sud

5) Renforcer la protection des travailleurs en mouvement par une orientation pré-départ et le contrôle des employeurs de travailleurs étrangers