Le paradoxe des modèles inclusifs !

De nombreux programmes d’employabilité et d’entrepreneuriat adoptent maintenant des modèles inclusifs dans leurs interventions, afin d’améliorer l’intégration économique de populations vulnérables comme les jeunes, les femmes ou les migrants dans des chaînes de valeur en tant que salariés, producteurs et créateurs d’entreprise.

Les leçons apprises de l’expérience nous invitent à distinguer quatre niveaux dans une approche inclusive favorisant l’intégration économique au sein d’une chaîne de valeur. Ces quatre niveaux sont fréquemment disjoints lors des interventions des différents acteurs du développement. Cela a pour effet un faible impact sur l’intégration économique effective des bénéficiaires des programmes, malgré les études réalisées et la qualité des programmes de formation. C’est le paradoxe des approches inclusives : elles sont dissociées, disloquées et finalement peu inclusives. Nous militons donc pour une approche intégrée au niveau d’un bassin d’emploi afin de pouvoir mobiliser les acteurs socio-économiques du territoire.

Prenons pour exemple le secteur de la sous-traitance automobile à Kénitra qui est un secteur porteur avec une chaine de valeur mobilisant des entreprises de câblage, des fournisseurs, des sous-traitants, des prestataires de service etc. Adopter une approche intégrée selon un modèle inclusif c’est agir simultanément à quatre niveaux :

  1.  Au niveau du système d’inclusion par l’emploi : il s’agit ici d’identifier les freins et les leviers nécessaires à une inclusion de catégories vulnérables au sein d’un emploi. Cela revient à agir au niveau des conditions requises pour occuper un emploi d’opératrice sur une chaîne de production ( life skills, soft skills en priorité) au sein d’un établissement  mais aussi au niveau des facteurs pour accéder et rester dans l’emploi ( transport, garde d’enfant, restauration, bancarisation, santé , etc.)

  2. Au niveau du développement d’un marché inclusif : quels sont les marchés inclusifs susceptibles de générer une offre de produits ou de services par un entrepreneur vulnérable pour notamment les consommateurs pauvres que sont les opératrices recrutées ?  Service de transport ? Service de garde d’enfant ? Existe-t-il en amont ou en aval de la chaîne de valeur des activités génératrices de revenus ? Recyclage des déchets ? réparation automobile ? etc.

  3. Au niveau de l’insertion par des entreprises sociales : quelles sont les entreprises et associations   susceptibles d’intégrer des candidats vulnérables dans le cadre d’un stage, d’un emploi ou d’un auto emploi ?

  4. Au niveau de la gouvernance territoriale de l’inclusion dans un bassin d’emploi : quel est le dispositif de gouvernance inclusive au niveau d’un bassin d’emploi afin de faciliter la coordination entre le service public de l’emploi, les fédérations professionnelles, les associations, les partenaires financiers et les acteurs du développement ?

     

    Cette approche intégrée des quatre sous systèmes inclusifs d’un marché de l’emploi constitue un facteur démultiplicateur de l’impact et de la durabilité de votre projet de développement. Nous vous encourageons à l’expérimenter !